Soie de Alessandro Baricco

Voyages Littéraires
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Soie de Alessandro Baricco
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Bande-annonce

Nous sommes en plein 19ème siècle, sous le soleil de Provence. Nous partons au Japon, pour un voyage extraordinaire aux côtés d’un éleveur de vers à soie.
Alessandro Baricco est Italien. Musicologue en plus d’être écrivain. C’est peut-être pour cela que son écriture nous emporte comme une musique… 


Citations


Un peu d’histoire …

La sériciculture est une très ancienne tradition française. Dès la fin du 18ème siècle, la production atteignait les 7000 tonnes de cocons par an ! Lavilledieu est le nom d’un village situé en Ardèche, au cœur des régions autrefois productrices de ce fil précieux. Dans son roman, Alessandro Baricco en fait l’emblème de ces villages entiers qui vivaient de la culture du ver à soie et possédaient d’immenses magnaneries (le magnan étant le nom donné au ver à soie). 

En 1859, Frédéric Mistral écrit en langue occitane l’histoire de Mireille qui lui valut le Prix Nobel de la littérature en 1904 et qui fut reprise en 1863 par Charles Gounod dans un opéra du même nom. On reconnaît en début de podcast, « le chant des Magnanarelles » qui ouvre la première scène du premier acte. 

Affiche de l’Opéra « Mireille » de Charles Gounod, 1863 

Le périple d’Hervé Joncour commence en 1861 et s’étendra sur cinq années.  

C’est la période où historiquement une bactérie commença à ravager les mûriers. Le gouvernement de Napoléon III demanda à Louis Pasteur d’intervenir, mais les résultats n’étaient pas concluants… La plupart des magnaneries fermèrent, la production chuta un peu plus chaque année et la France commença à s’approvisionner dans les pays lointains, comme le Japon…

Photographie d’Ernest Chantre, 1875


Alessandro Baricco et la musique

Avant d’être écrivain, Alessandro Baricco est critique musical. Il anime des émissions télévisées autour de l’opéra. On a souvent dit de lui qu’il écrit ses romans comme on compose une partition. 

Ce court roman ressemble effectivement à un livret d’opéra : une ouverture qui présente l’action et les protagonistes, 4 voyages qui préfigurent 4 actes, suivis du dernier acte (retour au village) et d’une sorte d’épilogue. 

Ce n’est pas tout ! Il y a un véritable tempo dans l’écriture : allegro et même vivace lors des voyages ; lento, voire lentissimo auprès de Hara Kei et de la jeune femme.  

Quant aux « mélodies », nombreuses sont les répétitions de paragraphes entiers qui rythment le récit comme un refrain, ou plus précisément comme un thème développé en plusieurs variantes.


Les oiseaux et l’amour

Les Orientaux, pour honorer la fidélité de leurs maîtresses, leur offrent des oiseaux de toutes sortes. Hervé Joncour lorsqu’il découvre la volière de Hara Kei est absolument fasciné. « Il y en avait de toutes les couleurs, de tous les endroits du monde.  Une folie magnifique » dira-t-il… il concevra donc le projet d’en fabriquer une semblable dans son jardin de Provence.
Évidemment, ces oiseaux dans la volière du roi sont les oiseaux de la jeune-femme… 

Lors d’un nouveau voyage au Japon, alors qu’il va bientôt arriver à la demeure du roi, il observe l’horizon, et là : 

«  Tout à coup, le ciel au-dessus du palais se noircit du vol de centaines d’oiseaux, comme explosés de la terre, des oiseaux de toutes sortes, étourdis, qui s’enfuyaient de tous côtés, affolés, et chantaient et criaient, pyrotechnie jaillissante d’ailes, nuée de couleurs et de bruits lancée dans la lumière, terrorisés, musique en fuite, là dans le ciel, à voler. 
Hervé Joncour sourit. »

Extrait de Soie

Commence alors un jeu symbolique autour des oiseaux. Une histoire dans l’histoire. Une façon toute délicate d’exprimer les non-dits et les désirs inavouables.

Raoul Dufy, la volière, 1939

« Tu la remplis d’oiseaux, le plus que tu peux, et le jour où il t’arrive quelque chose d’heureux, tu ouvres la porte en grand et tu les regardes s’envoler. »

Extrait de Soie

Musiques qui accompagnent notre podcast

Le chant des Magnanarelles, extrait de Mireille, opéra de Charles Gounod
Shakuhachi (flûte japonnaise), air traditionnel, Kohachiro Miyata
Un bel dì vedremo, extrait de Madame Butterfly, opéra de Giuseppe Verdi, interprété par Elena Stikhina
Moyuru des Yoshida Brothers 
River flows in you de Yiruma
Sakura Sakura, musique traditionnelle de la période Edo (1603-1868) 

Le générique est extrait du titre L’instant magique d’Alex Pardossi