L’herbe rouge de Boris Vian

Voyages Littéraires
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L'herbe rouge de Boris Vian
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Bande-annonce

Sous vos pieds, l’herbe est rouge et sur vos têtes, les étoiles se courent après ; votre chien s’appelle Sénateur Dupont, et il vient d’apprendre à miauler…


Citation


Les pseudonymes de Boris Vian

Je me suis amusée à lister quelques noms de plume de Boris Vian, pour le plus grand plaisir des amateurs de jeux de mots :

Les anagrammes :
Baron Visi, Bison ravi, Brisavion ;

Les exotiques :
Boriso Viana, Gédéon d’Éon, Zéphirin Hanvélo, Onuphre Hirondelle…

Les littéraires :
Honoré Balzac (sans particule), Grand capitaine, Aimé Damour…

Les musicaux :
Doublezon, Butagaz, Odile Legrillon…

Le pseudonyme le plus connu est celui de Vernon Sullivan : Profitant de l’engouement des français pour les thrillers américains, Boris Vian publie grâce à ce nom des romans noirs, dont la trame apparemment policière est prétexte à des scènes sexuelles et violentes qui ont choqué le public de l’époque.
Dans les premières éditions, il prétend avoir traduit les romans de cet auteur imaginaire, alors qu’il en est le véritable auteur. Les conséquences de son espièglerie sont de taille : des ennuis avec le fisc et avec la justice s’en suivent. Après J’irai cracher sur vos tombes (1946) il se trouve accusé d’outrage aux bonnes mœurs et une série de procès lui vaudra en définitive une notoriété de scandale.


Sémantique et jeux avec les mots

À l’époque où il écrit L’herbe rouge, Boris Vian découvre l’ouvrage de l’américain Alfred Korzybski, qui proclame l’insuffisance du langage courant.
Boris Vian se passionne pour cet auteur qu’il cite souvent en exergue de ses romans, aimant préciser à sa suite que par exemple « le mot chien ne mord pas »…

Cela vous fait penser à quel artiste?

Magritte, 1928

Boris Vian s’amuse à façonner les mots, en associant les sons ou les sens, créant ainsi des néologismes qui renouvellent la richesse du langage. 
Il y a les mots-valise : Chouic (chou et chic), répondudit (Dupont et répondit), blairnifler (blairer et relifler), etc. 
Mais aussi des mots composés insolites : un saute de vent, une pointe plante, un siphon à billes, etc. 
Et les charmantes associations d’idées : l’air du matin frais pondu, la rue crevait d’ennui par longues fentes, etc. 

J’ai retenu un exemple de fantaisie verbale qui va plus loin : 
page 78 « La bouteille vide ayant conscience de son inutilité totale, s’étrécit et se tassa, se tsantsa et disparut. » 
D’où vient donc ce verbe tsantser ? Boris Vian a traduit un roman de l’Américain : Le grand horloger, de Kenneth Fearing, dans lequel sont mentionnés des tsantsas, qui sont, en Jivaro, des têtes humaines momifiées et réduites. 


La complainte du progrès

La chanson de Boris Vian nous renvoie à la modernité version Jacques Tati, dans Mon oncle (1958). On ne se lasse pas de ce film !


Le ciel comme matière

Le ciel, assez bas, luisait sans bruit. Pour le moment, on pouvait le toucher du doigt en montant sur une chaise ; mais il suffisait d’une risée, d’un saute de vent, pour qu’il se rétracte et s’élève à l’infini… (pages 23 – 24 )

Ils touchaient la nuit de tout leur corps. (page 34)

Elle regardait les étoiles se courir après dans le ciel et se rejoindre avec de grands éclairs. Trois d’entre elles, en haut à droite, mimaient une danse orientale. Des volutes de nuit les masquaient par instants. (page 35)

Il tombait des régions supérieures de vagues traînées de poussières brillantes, insaisissables, et le ciel fictif palpitait à l’infini, troué de lueurs. (pages 61 – 62)

Matière Ciel, Marie 2022

Les musiques qui accompagne le podcast

La complainte du progrès de Boris Vian
L’herbe rouge d’Alex Pardossi, paroles de Clara Nizzoli, version studio 
L’herbe rouge, version rock, en live, par les Infréquentables
Ton aura d’Alex Pardossi 
Mr. Quidam d’Alex Pardossi 

Le générique est extrait du titre L’instant magique d’Alex Pardossi (YouTube)

La numérotation des pages est celle de l’édition Le livre de poche