La vie devant soi, de Romain Gary

Voyages Littéraires
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La vie devant soi, de Romain Gary
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Bande-annonce

C’est l’histoire de Momo, un enfant qui croyait qu’il avait quatre ans de moins.
Madame Rosa, c’est une vieille prostituée devenue énorme, reconvertie en mère d’adoption pour les enfants des autres prostituées encore assez jeunes pour arpenter les trottoirs.


Citations


Qui donc est cet auteur ?

Ce roman est signé Emile Ajar. 

“Ajar”, cela veut dire « braise » en Russe. Et “Gary” se traduit par « brûle ». 
AJAR, ce sont les initiales de l’Association des Juifs Anciens Résistants. 
L’auteur a soigneusement caché ses indices, pour n’être pas reconnu.  

Ce n’est pas la première fois qu’il prend un pseudonyme. Changer de nom, c’est un jeu pour lui, mais c’est surtout une exigence : Il a besoin que la lecture soit neutre, qu’elle ne soit pas forcément associée à son auteur, à ce qu’on attend de lui, à ce que l’on en dit. 
Après son premier succès pour le roman Les racines du ciel, qui lui a valu le prix Goncourt en 1956, il déplore “être menacé de lui-même à perpétuité”! Comment faire en sorte que la lecture de son nouvel ouvrage ne soit pas chargé d’a priori? Comment susciter une lecture honnête? 

Romain Gary change de nom pour cela. Par souci d’honnêteté! 
Bricoler avec la vérité par souci d’honnêteté, c’est un peu paradoxal, c’est vrai, mais c’est cohérent… 
En cette année 1975, Romain Gary a 61 ans, il écrit La vie devant soi, et il signe Emile Ajar… Et il obtient le prix Goncourt! 
Lorsque les journalistes cherchent à rencontrer Emile Ajar, il prend le visage d’un certain Paul Pavlowitch qui n’est autre que le cousin de Romain Gary. 
Selon les journaux, le gagnant officiel du prix Goncourt est donc un petit homme de la campagne, marié à la fille de l’ancien directeur de la caisse des allocations familiales du Lot, et c’est dans sa ferme au milieu des chèvres qu’il est censé avoir écrit son roman. 

Voilà astuce pleine d’humout pour échapper au règlement du prix Goncourt, qui stipule qu’un même écrivain ne peut pas l’obtenir deux fois.  

Eh bien c’est fait! Romain Gary a été le seul à obtenir le Prix Goncourt deux fois. 
Et… vous savez quoi? Romain Gary, ce n’est pas non plus son vrai nom!  
Chapeau, Monsieur Romain Kacew! 


Cinéma

Film de Moshé Mizrahi, 1977

Moshé Mizrahi adapte La vie devant soi en 1978. Il obtient l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et Simone Signoret obtient le César de la meilleure actrice. 

Affiche du film aux USA

« Juste avant qu’une histoire ne commence et qu’une autre ne finisse, il y a une histoire d’amour s’écrit pour toujours. »   
Traduction du pitch figurant sur l’affiche américaine du film.


Impressions de lecture

Comme dans un dictionnaire où l’on désigne chaque chose par ce qu’elle n’est pas, Gary pose l’incohérence d’écrire et son évidence à la fois. 

Les mots vont de soi, quitte à être inventés, approximatifs… Les sons dans la bouche n’ont pas moins d’importance que le sens. A force d’être précis, l’écrire a perdu l’essentiel, voilà ce que Gary nous laisse évaluer en lâchant la bride aux bienséances orthographiques et autres rigueurs grammairiennes. L’essentiel est du domaine de l’indicible. La vie est l’indicible. Les mots ne sont qu’une tentative pour retenir la vie, et la retenir, c’est à la fois l’informer, la mettre en mémoire, la comprendre…  mais c’est aussi l’empêcher d’aller… Retenir la vie, c’est la simplifier et l’arrêter. Dire la vie, l’écrire à plus forte raison, ce n’est pas vivre. 

Pour ces raisons l’auteur réinvente un langage. 


Musiques

Extraits des titres choisis pour accompagner notre podcast :  

First step de Hip-hop jazzy beat jazz
Paris s’éveille de Jacques Dutronc
El tango de Roxanne, bande originale du film Moulin Rouge de Baz Luhrmann
Dramophone de Caravan Palace 
Blouses blanches d’Alex Pardossi 
Mistral gagnant de Renaud (instrumental)
La veillée de Yann Tiersen 

Le générique est extrait de L’instant magique d’Alex Pardossi