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Et si nous refaisions le monde ? Un monde nouveau, durable et heureux, un monde meilleur… ou plus exactement LE meilleur des mondes. On essaie ?
Réfléchissons… par quoi commencerions-nous ?
Citations
Aldous, Julian, Thomas HUXLEY… une lignée de célébrités
Si Aldous Huxley (1894-1963) continue d’avoir une notoriété internationale grâce à ses ouvrages, on ne parle plus guère de son frère Julian Huxley (1887-1975) ou de son célèbre grand-père Thomas Henry Huxley (1825-1885), ami proche et fervent défenseur de Darwin.
La célébrité des trois Huxley trace bien une « lignée », une famille de pensée :
Le grand-père était médecin, chirurgien naval, biologiste et paléontologue. Sa vie durant, il a soutenu et éclairé par ses travaux la notion de sélection naturelle qui sous-tend la théorie de l’évolution de son ami Charles Darwin.
Le frère est d’abord un grand défenseur la conservation de la faune et de la flore en Afrique, actif dans les sociétés de zoologie les plus prestigieuses, il est membre fondateur du WWF en 1961. Il mène en parallèle des études sur les possibilités offertes par l’eugénisme. Membre éminent de la British Eugenics Society fondée en 1907, il en est le président dans les années 60.
Science, fiction et dystopie…
Vous imaginez les conversations dans la maisonnée Huxley ?
Qu’on l’aborde par la paléontologie ou la médecine, par la science ou l’éthique, la question de l’évolution de l’homme, et plus particulièrement du devenir de la société animait sans doute bien des réunions familiales.
Aldous Huxley est l’héritier « littéraire » de l’effervescence de ce temps où la science ouvrait des horizons inédits aux pouvoirs de l’homme sur le monde. Refaire le monde à sa guise était donc possible ! L’enthousiasme était à son comble.
En imaginant une dystopie qui supplante les rêves et les utopies en vogue, Aldous Huxley a sans doute joué le rôle du temporisateur.
Nous constatons aujourd’hui qu’il était de surcroît visionnaire !
Conditionnement et servitude volontaire
L’eugénisme n’est pas le seul problème qu’Aldous Huxley porte à son comble dans son roman.
Une fois les embryons nés par « sélection naturelle » (quand même un peu artificiellement provoquée…), il faut s’occuper des bébés pour en faire des adultes « heureux ». La méthode choisie est celle du conditionnement.
Conditionner, c’est subrepticement diriger la pensée, et l’air de rien, engourdir la liberté. Pire ! c’est induire le choix de la servitude.
La Boétie en 1576 (Ouille, déjà !) n’a pas encore 18 ans quand il écrit ceci :
« Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un profond oubli de sa liberté qu’il est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté mais gagné sa servitude… »
La Boétie, Discours de la servitude volontaire, 1576
En écho à ce petit essai, 350 ans plus tard, le roman d’Aldous Huxley imagine comment la fin peut justifier les moyens…
Après une deuxième guerre mondiale et au prisme des sciences humaines et sociales en plein essor, un autre penseur est hanté par ces problématiques. Günther Anders, qui comme Aldous Huxley a vécu de plein fouet les affres du nazisme poursuit la réflexion ainsi :
« L’effacement, l’abaissement de l’homme en tant qu’homme réussissent d’autant mieux qu’ils continuent à garantir en apparence la liberté de la personne et les droits de l’individu. Chacun subit séparément le procédé de « conditionning » qui fonctionne tout aussi bien dans les cages où sont confinés les individus, malgré leur solitude, malgré leurs millions de solitudes. Puisque ce traitement se fait passer pour « fun »; puisqu’il dissimule à sa victime le sacrifice qu’il exige d’elle; puisqu’il laisse l’illusion d’une vie privée ou tout de moins d’un espace privé, il agit avec une totale discrétion. Il semble que le proverbe allemand « un chez-soi » vaut de l’or, soit à nouveau vrai; mais dans un tout autre sens. Si un chez-soi vaut aujourd’hui de l’or, ce n’est pas du point de vue du propriétaire qui y mange de la soupe conditionnée, mais du point de vue des propriétaires du propriétaire, de ce chez-soi, ces cuisiniers et fournisseurs qui lui font croire que sa soupe est faite maison. »
L’obsolescence de l’homme, tome I, p 122.
En 1958, Aldous Huxley écrit Retour au meilleur des mondes, dans lequel il constate que la réalité rejoint dangereusement les visions de son imagination. Surpopulation, bureaucratie, société du confort… Le plus inquiétant, dit-il, est l’accélération des dérives du progrès.
Qu’aurait-il donc pensé de l’état de notre monde ?
Huxley, Orwell… qui dit mieux ?
On poursuit la réflexion avec un autre livre, un autre podcast :
1984, de George Orwell
Musiques qui accompagnent le podcast
Sweet dreams de Eurythmics, repris par Térez Montcalm
What a wonderfull world de Louis Armstrong
Within de Daft Punk
It’s not over yet de Klaxons
We are born when we die d’Apollo Sunshine
Clubbed to death de Rob Dougan
Le générique est extrait du titre L’instant magique d’Alex Pardossi