Bande-annonce
Ceux qui ont déjà été en Afrique vont sentir la poussière sur les pistes, les mille regards sur le chemin, les enfants dans le dos des mères, les pagnes colorés, les grands plateaux de fruits sur la tête des femmes, les mobylettes chargées de poulets ou de chèvres, et puis les charrettes remplies de bidons d’eau, tirées par les enfants…
Citations
Un auteur et un slameur-chanteur
Paroles de la chanson Petit pays :
Gahugu gatoyi: Petit pays
Gahugu kaniniya: Grand pays
Warapfunywe ntiwapfuye: Tu as été froissé mais tu n’es pas mort
Waragowe ntiwagoka: Tu as souffert, mais la souffrance ne t’a pas abattu
Une feuille et un stylo apaisent mes délires d’insomniaque
Loin dans mon exil, petit pays d’Afrique des Grands Lacs
Remémorer ma vie naguère avant la guerre
Trimant pour me rappeler mes sensations sans rapatriement
Petit pays je t’envoie cette carte postale
Ma rose, mon pétale, mon cristal, ma terre natale
Ça fait longtemps les jardins de bougainvilliers
Souvenirs renfermés dans la poussière d’un bouquin plié
Sous le soleil, les toits de tôles scintillent
Les paysans défrichent la terre en mettant l’feu sur des brindilles
Voyez mon existence avait bien commencé
J’aimerais recommencer depuis l’début, mais tu sais comment c’est
Et nous voilà perdus dans les rues de Saint-Denis
Avant qu’on soit séniles on ira vivre à Gisenyi
On fera trembler le sol comme les grondements de nos volcans
Alors petit pays, loin de la guerre on s’envole quand?
Petit bout d’Afrique perché en altitude
Je doute de mes amours, tu resteras ma certitude
Réputation recouverte d’un linceul
Petit pays, pendant trois mois, tout l’monde t’a laissé seul
J’avoue j’ai plaidé coupable de vous haïr
Quand tous les projecteurs étaient tournés vers le Zaïre
Il fallait reconstruire mon p’tit pays sur des ossements
Des fosses communes et puis nos cauchemars incessants
Petit pays : te faire sourire sera ma rédemption
Je t’offrirai ma vie, à commencer par cette chanson
L’écriture m’a soigné quand je partais en vrille
Seulement laisse-moi pleurer quand arrivera ce maudit mois d’avril
Tu m’as appris le pardon pour que je fasse peau neuve
Petit pays dans l’ombre le diable continue ses manœuvres
Tu veux vivre malgré les cauchemars qui te hantent
Je suis semence d’exil d’un résidu d’étoile filante
Un soir d’amertume, entre le suicide et le meurtre
J’ai gribouillé ces quelques phrases de la pointe neutre de mon feutre
J’ai passé l’âge des pamphlets quand on s’encanaille
J’connais qu’l’amour et la crainte que celui-ci s’en aille
J’ai rêvé trop longtemps d’silence et d’aurore boréale
À force d’être trop sage j’me suis pendu avec mon auréole
J’ai gribouillé des textes pour m’expliquer mes peines
Bujumbura, t’es ma luciole dans mon errance européenne
Je suis né y’a longtemps un mois d’août
Et depuis dans ma tête c’est tous les jours la saison des doutes
Je me navre et je cherche un havre de paix
Quand l’Afrique se transforme en cadavre
Les époques ça meurt comme les amours
Man j’ai plus de sommeil et je veille comme un zamu
Laissez-moi vivre, parole de misanthrope
Citez m’en un seul de rêve qui soit allé jusqu’au bout du sien propre
Cinéma
Gaël Faye en parle ainsi :
« C’est avant tout le regard d’un enfant : pour lui, sa vie de famille a autant d’importance que la guerre dans le pays. (…) Ce qui rend le film complémentaire au roman, c’est que je me suis beaucoup attardé sur la bande de copains, sur l’impasse, alors qu’Éric Barbier a plutôt choisi de parler du déchirement des parents. »
Extrait de l’interview de Léa Salamé sur France Inter le 11 mars 2020.
Portraits
Maman (page 19) :
« C’était quelque chose, les chevilles de Maman ! ça inaugurait de longues jambes effilées qui mettaient des fusils dans le regard des femmes et des persiennes entrouvertes devant celui des hommes. »
L’oncle Jacques (page 27) :
« Des taches de vieillesse parsemaient ses mains et son crâne dégarni. C’était la première fois que je le voyais en short. Ses jambes glabres, laiteuses, contrastaient avec la peau brûlée de ses avant-bras et de son visage buriné par le soleil ; on aurait dit que son corps était un assemblage de pièces hétéroclites. »
Grand-mère Rosalie (page 71) :
« Rosalie parlait doucement, lentement, avec les intonations d’un joueur de cithare, comme un doux murmure. La cataracte lui faisait les yeux bleus. Il semblait toujours que quelques larmes s’apprêtaient à trébucher sur une de ses joues. »
Impressions de lecture
PouSSièRe de TeRRe
Extrait de mon blog : https://beatrice-pardossi-sarno.tumblr.com
Consonnes rampantes, sifflantes
tapies
grognent doucement
Sans cesse maugrée la terre
Erre et Roule, écheveau de broussailles
Roule, Roule, dans l’Harmattan balaie
effleure, trace un chemin
par terre, poussière
Musiques
Extraits des titres choisis pour accompagner notre podcast :
Petit pays de Gaël Faye
Heartbeat, de Nneka
Ayo nene, Comptine africaine
Sambolera de Khadja Nin
Makambo de Geoffrey Oreyma
Berlin Ball de Paolo Quartuccio
Africa Unite de Bob Marley, revisité par Alex Pardossi
Le générique est extrait de L’instant magique d’Alex Pardossi