La Barbe Bleue, de Charles Perrault

Raconte-moi les contes
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La Barbe Bleue, de Charles Perrault
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Bande-annonce

Quel est le plus impressionnant des barbus que vous connaissez ? J’espère que personne n’a répondu « Le Père Noël » ! Je vous présente aujourd’hui un barbu qui s’habille peut-être de rouge (l’histoire ne le dit pas), mais dont la barbe est bleue. C’est un conte particulièrement cruel. L’histoire d’un homme très riche, qui vit dans un château somptueux.


Citations


Anne ma sœur Anne…

«  Anne ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? 
– Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie. »

 « Anna soror » (Anne ma sœur)

Cette apostrophe nous vient du 1er siècle avant J.-C., sont les premiers mots prononcés par Didon dans l’Énéide de Virgile, lorsqu’elle confie son amour secret pour Énée, alors même qu’elle avait juré fidélité à son défunt mari. 

« Anna soror, soror Anna »  

Moins d’une centaine d’années plus tard, on retrouve la même expression sous forme d’une répétition : Ovide dans ses Héroïdes reprend l’histoire de Didon. Il imagine une lettre de confidences qu’elle aurait pu écrire à sa sœur.
En 1697 dans La Barbe bleue de Charles Perrault, l’expression passe à la postérité…  

« Anne ma sœur Anne », vous connaissez la chanson ?  

Plus près de nous, c’est Louis Chédid qui en 1985 utilise la célèbre apostrophe pour évoquer Anne Franck et la rafle des Juifs. Une nouvelle version de la chanson est enregistrée en famille en 2015 


Un nouveau mot dans le dictionnaire anglais !

Le personnage de Barbe bleue (Bluebeard en anglais) est à l’origine du verbe « bluebearding » qui désigne le crime qui consiste à tuer une série de femmes, employé aussi pour désigner les hommes qui tour à tour séduisent puis abandonnent les femmes.


Barbe Bleue à travers les âges

Gustave Doré, 1862
Georges Méliès, 1901
Walter Crane, 1875
Merian Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Shoedsack, King Kong, 1933
Court métrage de Georges Méliès, en entier 

Les « Barbe Bleue » dans l’histoire

Conomor, roi de Bretagne, autour de 550

Son nom signifie „ le grand chef“, il est tout puissant et réputé impitoyable.
Il épouse une femme très belle et très douce. Mais un devin lui annonce qu’il serait tué un jour par sa progéniture. Dès que son épouse est enceinte, il ne prend aucun risque : il lui tranche la tête ! Il se remariera 5 fois … et tranchera 5 têtes, au fur et à mesure que sont annoncées les naissances.
La sixième réussit à s’enfuir à travers les bois, donne naissance à un fils. Le roi Conomor, furieux, la rattrape, lui tranche la tête et repart en son château sans se retourner, laissant le bébé près de sa mère morte, sachant que les loups ne tarderont pas. C’est par un miracle de Saint Gildas que la femme retrouve la vie, et que l’enfant finit par accomplir le présage funeste annoncé par le devin.  

Henri VIII, roi d’Angleterre (1491-1547) 

Physiquement, Henri VIII est un colosse. Très grand (1 mètre 85, à l’époque, c’est presque un géant !), obèse, exubérant et sanguinaire. Sa barbe n’est pas bleue, mais elle était célèbre tout de même car elle est rousse. Il a épousé successivement 6 femmes, dont 2 qu’il a fait exécuter pour adultère. C’est tout au moins la version officielle… Il se trouve qu’il épouse par suite la dame de compagnie de la première, et la fille d’un royaume stratégiquement intéressant après l’exécution de la seconde. C’est un roi qui tient le pays d’une main de fer, à la fois déterminé et inconstant, à la fois stratège et inconséquent. Il se sentait la cible de multiples complots, et n’hésitait pas à tuer ceux qui le contrariaient, ou qui simplement entraient dans ses délires paranoïaques.  

Portrait d’Henri VIII par Hans Holbein le jeune, 1540 

L’analyse d’un psy

« Barbe bleue est une histoire qui donne corps à deux sentiments qui ne sont pas nécessairement étrangers l’un à l’autre : l’amour jaloux, d’abord, qui fait que l’on est prêt à détruire ceux qu’on aime, pour ne pas les voir devenir infidèles, tant on désire les garder éternellement ; et ensuite, les sentiments sexuels, qui peuvent être terriblement tentants, fascinants, et également très dangereux. » 

Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées, 1976, p. 443 

Musiques originales

Merci à Victor Grondin et Nicolas Thomas, qui ont tout spécialement composé et interprété les musiques de notre émission. 
Nous entendons aussi dans le podcast un extrait de la Sarabande de Haendel (1733).  


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